Chronique ouvrière
une interview de Mireille CHEVALIER, secrétaire générale du Syndicat national des professionnels de la santé au travail (SNPST)

Il faut se battre pour une réelle indépendance du médecin du travail !

mardi 9 février 2010

Chronique Ouvrière : Vous avez eu récemment l’occasion de vous exprimer dans la presse sur l’affaire de Margaret Moreau, qui a été médecin du travail pendant vingt ans à Peugeot Sochaux et que la direction de Peugeot a tenté de licencier. Pouvez-vous nous dire ce qui a été reproché au Dr Moreau par la direction de PSA ? Selon vous, quels étaient les enjeux de ce conflit ?

Mireille Chevalier : Le Dr Moreau a refusé de participer au recueil des questionnaires d’une enquête organisée dans le cadre d’un accord d’entreprise sur le risque psycho social. Mme Moreau estimait ne pas avoir les garanties suffisantes sur la confidentialité de cette enquête. Les véritables enjeux portaient sur la réelle indépendance du médecin du travail.

Chronique Ouvrière : Les suicides de salariés chez Renault et France Télécom ont donné lieu à quelques articles sur la « souffrance au travail ». Le médecin du travail a-t-il vocation, a-t-il les moyens de soulager de cette souffrance ?

Mireille Chevalier : Le rôle du médecin du travail est avant tout d’écouter le salarié et chercher avec lui à comprendre les causes et les mécanismes de sa souffrance au travail, le plus souvent dans l’organisation du travail. Le plus important est de pouvoir redonner au salarié la possibilité de décider ou d’agir, et de le sortir de sa position de victime. Au niveau collectif, le médecin du travail peut tenir un rôle d’alerte auprès des partenaires de l’entreprise.

Chronique Ouvrière : Il existe des textes qui affirment « l’indépendance » de l’inspecteur du travail. Le médecin du travail bénéficie-t-il d’un statut qui lui garantit une indépendance de même nature ?

Mireille Chevalier : Le médecin du travail bénéficie d’un statut de salarié protégé, il ne peut donc être licencié sans l’accord de l’inspecteur du travail. Par ailleurs, le code du travail précise que le médecin du travail a une indépendance technique. Maintenant, on voit bien que les médecins dont les employeurs ont essayé de se débarrasser, que ce soit en service interentreprises ou en autonome, ont du mal à travailler dans leur service alors même que l’inspecteur du travail a refusé leur licenciement. Il est facile de rendre la vie impossible à un médecin salarié pour le pousser à partir.


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