Chronique ouvrière

Souffrance au travail : ne pas rentrer dans la victimisation, mais s’attaquer au contenu du travail

mercredi 17 mars 2010 par Fabien GACHE

Aussi dramatiques soient-ils, les suicides des salariés font les unes des journaux le temps de l’émotion. Les journalistes sollicitent les syndicats parce qu’ils sont à la recherche de témoignages de salariés exprimant leur souffrance. Une sorte de voyeurisme qui fait vendre. Mais bien souvent, ils se désintéressent de ce qu’est LE TRAVAIL des salariés.

Tout comme l’économie, « la souffrance » est globalisée, généralisée « aux salariés victimes des politiques managériales soumises au dicta du libéralisme ».

Les victimes sont cataloguées comme « des personnes fragiles incapables de supporter le système ». Pour toute réponse, on voit fleurir Nº Vert et permanence de psychologues dans les établissements, censés venir en aide individuellement aux plus faibles.

Les enquêtes type Technologia ou Stimulus sont présentées comme « la référence scientifique » de l’état de santé psychologique des salariés. Quant aux organisations syndicales, leur rôle se réduit à la comparaison de ces enquêtes année après année, afin de mesurer les effets des décisions de leur direction respective.

Les organisations syndicales ne seraient donc plus imbriquées dans le salariat, elle ne serait qu’interface entre direction et salariés.
« La victimisation » ne créée pas la réflexion collective et l’action. Au contraire, elle enferme chacun dans des discours généraux qui n’offrent aucune perspective.

L’idée développée « de tous souffrir parce que tous soumis au même système », accroit l’idée « qu’il faut changer le système avant de changer le quotidien des salariés ».

C’est pourtant à partir du quotidien des salariés, de la capacité des militants CGT à comprendre ce qu’il est que nous susciterons leur réflexion collective et leur participation à l’action. Gagner sur des objectifs sur lesquels les salariés ont la main, génère confiance pour gagner sur d’autres objectifs plus ambitieux.

C’est par le travail que les salariés s’expriment. Nous avons donc besoin de comprendre ce qui se passe dans « le travail des salariés », ce qu’ils développent comme intelligence, savoir-faire et compétences… et des contraintes qu’ils rencontrent pour malgré tout faire un travail de qualité.
La mise en lumière de ce qu’est « le travail des salariés » ne se fera pas sans l’investissement de tous les militants CGT pour aller à la rencontre des salariés en toute modestie, pour se faire expliquer ce qu’est leur travail.

Autrement dit, comprendre pour agir !


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